Où l'on découvre un personnage caché qui rafle toute la mise

Commençons par le début : calculons les dividendes futurs.

Evidemment, si on risque son capital, si on sacrifie sa vie de famille, sa santé, son temps avec les copains… il faut bien que cela rapporte.
Voici la situation de ma première société, l'année avant sa reprise en 2013. Combien a engrangé l'actionnaire ?

Situation financière

SIG Réalisé 2012 (en €)
Chiffre d’affaires (CA) 2 283 074
Résultat d’exploitation (Rex) 38 268
Bénéfice (ou profit) après impôts 30 090



Voilà donc une entreprise qui facture environ 2,3 M€ mais qui génère un piètre bénéfice de 30 k€, soit 1,3% du CA. Un niveau de dividende si bas est lamentable.
Où va l’argent ? Car il y a bien 2,3 M€ de CA…

Allons dans le détail, ventilons les chiffres de 2012 et suivons sa trace. Sur la base du bilan il est aisé de calculer la ventilation suivante :

Bénéficiaires Montants (en €)
Etat 963 472
    Dont cotisations patronales 408 748
    Dont cotisations salariales 212 413
    Dont TVA à reverser 289 294
Fournisseurs 807 085
Salaires nets (34 salariés + le patron) 776 184
Profit net pour l’actionnaire 30 090



La TVA à reverser n’est pas une charge pour l’entreprise, pour autant c’est une encaisse réelle pour l’Etat à partir d’une ponction obligatoire de la consommation des ménages et utilisant l’entreprise comme organisme collecteur.

On s’aperçoit que…

  • L’Etat s’octroie la part du lion et prend presque 1M€... Aïe ! Aïe ! Aïe !
  • L'entrepreneur aura un misérable 30 k€ sur lequel il devra payer... des impôts ! Il gagne 3200 % de moins que l’Etat !
  • 34 salariés se lèvent chaque matin pour travailler. Or ensemble ils gagnent toujours moins que l’Etat à lui tout seul, et qui ne fournit aucun travail.

On ne connait pas l’éthique qui guide ce droit à la spoliation, mais elle est hautement contestable. Le fruit du travail des employés est happé par le monstre étatique. S’il n’en prenait pas tant, il serait aisé de donner de meilleures rémunérations.

La rémunération de l’Etat est outrageusement élevée. En face d’un entrepreneur qui prend de nombreux risques financiers, familiaux, de santé, qui travaille sans compter, lui :

  • Ne prend aucun risque
  • N’apporte aucun capital
  • Ne fournit aucun travail

L'Etat a le monopole de la loi et en abuse pour faire valoir un droit de cuissage outrancier sur le travail de ces 34 salariés et de l’entrepreneur. Il s'arroge le droit de prendre autant qu'il veut.
Le despote n'est jamais rassasié... Il se sert dans la caisse et peu lui chaut de mettre l’entreprise en péril, voire en faillite.

Non content de spolier l’entreprise, il lui impose ses vues de l’esprit via un tas de contraintes administratives et règlementaires qui sont autant d’embûches qui rendent la vie de l’entreprise difficile, presque ingérable. C'est un tyran qui impose sa conception de l’économie, son idéologie, ses diktats. L'entrepreneur n’a aucun moyen de contester son action, il est écrasé, il ne peut faire autre chose que d’acquiescer et chercher des stratégies pour tenter malgré tout de gagner un peu d’argent.

L’Etat décide des règles du jeu et se sert dans la caisse comme il veut.
En réalité l'Etat est l’actionnaire de fait de l’entreprise.

Ce qui est vrai dans cette entreprise l’est aussi dans toutes les autres, avec des variations en fonctions des circonstances.

L’action de l’entrepreneur

L’entrepreneur devra donc rester pragmatique et tout en respectant la législation en vigueur, il cherchera à :

  • Se libérer des contraintes réglementaires, ou tout au moins à les réduire
  • Diminuer la ponction de l’Etat (malheureusement on ne peut pas l’éliminer)

Les contraintes réglementaires portent sur pour l’essentiel sur : la fiscalité, l’environnement et le droit du travail. On constate que tenter de les réduire entraîne automatiquement une diminution de la ponction de l’Etat (le second point). Il y a là double motivation.

NB : Personnellement, j’accepte volontiers la règlementation sur l’environnement en tous cas pour la partie qui maîtrise la pollution.

Pour faire face à ces deux problèmes majeurs, beaucoup de grandes entreprises ont délocalisé. Une PME, elle, aura plus de mal. Aussi, alors qu'elle subira la réglementation liée à l’environnement et à la fiscalité sans pouvoir y changer grand-chose, elle pourra en revanche diminuer dans des proportions non négligeables les contraintes du droit du travail.

Et là il y a fort à faire, car l’essentiel de la ponction de l’Etat vient des charges sociales. Elle est de 621 160 € en 2012. Si nous ne pouvons pas changer la législation, nous pouvons en diminuer l’impact sur l’entreprise en diminuant le nombre de salariés.
Au passage on ne gardera que les meilleurs, on assure ainsi un double gain. Ce n’est pas avec des boulets que l’on fait progresser une entreprise.

J’ai mené cet exercice avec assiduité et constance. J'ai réduit graduellement le personnel d'un tiers en investissant les gains dans la modernisation de l'outil de travail (les machines) afin de développer la productivité des employés.

Comme conséquence le chiffres d’affaires par employé à évolué comme suit :

  • En 2012 : 65 k€
  • En 2022 : 120 k€
  • En 2024 : nous serons à 150 k€ par employé

La rémunération des salariés restant a augmenté de plus de 35% : c’est mieux de bien payer ceux qui travaillent bien.

Est-ce bien de licencier ? Oui, quand c'est une décision de gestion.
Si d'aucun veut que cela change, alors qu'il en appelle à l'Etat... C'est lui qui fixe les règles et qui ponctionne les entreprises, c'est à lui de changer l'un et l'autre pour faire évoluer les décisions des entrepreneurs.

Effet sur les dividendes

L'amincissement de la masse salariale a généré plus de 400 k€ d'économie annuelle, réduisant mécaniquement la ponction de l’Etat.
Elle permit d’investir 10% à 12% du CA par an en équipement, engendrant une productivité plus élevée.
Pour finir elle permit une revalorisation forte de la rémunération du personnel et la création d'une ambiance de travail saine et prospère.

L’actionnaire n’a pas été oublié ; une petite partie du gain lui fut réservée.
Malgré tous ces efforts, la rafle de l'Etat reste aujourd'hui encore au-delà de toute décence... Et c'est bien triste !